CÔTE MÉRIDIONALE TURQUE, début décembre 2019


Avant de monter à la place conducteur, je m'accroupis pour jeter un coup d'oeil sous le bus. À ma grande surprise, j'aperçois une flaque ainsi que des gouttes qui se forment sous le carter d'huile. Elles tombent et s'écrasent au sol successivement, tel un métronome. J'en attrape une du bout du doigt, la frotte entre le pouce et l'index puis en renifle l'odeur.
Et merde... ça sent le diesel !!
- Patri, on perd du carburant
- Oh non ! C'est pas vrai...

J'en avais par-dessus la tête !

Par-dessus la tête des gamins, de ne pas avoir ne serait-ce qu'une minute pour soi dans une journée, de se réveiller trois fois la nuit pour "danser" dans le froid avec neuf kilos dans les bras...
Ras-le-bol d'écumer les garages pour réparer le bus, d'acheter une bonne batterie sur internet et de se faire livrer la mauvaise...
Dépité de voir les prévisions météorologiques annonçant une semaine de pluie tout en sachant que le bus prend l'eau, de vivre à quatre dans cinq mètres carrés, de réparer ma bicyclette durant une demi-heure pour qu'elle crève de nouveau cinq minutes plus tard...
Désabusé de se balader sur des plages idylliques en foulant toutes sortes de déchets et autres plastiques, de voir tout le monde jeter son mégot par la fenêtre de sa voiture...
À l'intérieur les enfants pleurent de concert, il est six heures et il nous reste encore une bonne vingtaine de minutes de route avant d'arriver à destination.

Sous les lumières blafardes de la station essence, perdue au beau milieu d'hectares de bananeraies, je ne peux m'empêcher de penser à l'expression anglaise "the shit hits the fan" et visualise le bus rempli de bouses de vache jusqu'au plafond. C'est le sourire en coin que je mets la clé au contact pour démarrer Kaya. D'une certaine manière, l'image de cette expression m'avait toujours beaucoup amusé.


@ Alanya, Turkey

@ Kumluca, Turkey

@ Aydin, Turkey

@ Kumluova Plaji, Turkey

@ Çamliköy Tabiat Parki, Turkey

@ Mardin, Turkey

COSTA MERIDIONAL TURCA, principios de diciembre 2019


Antes de subir al asiento me agacho para echar un vistazo debajo de la furgoneta. Que gran sorpresa al descubrir un charco y algunas gotas formándose en el cárter de aceite. Caen, se explotan contra el suelo sucesivamente, como un metrónomo. Toco una con la punta del dedo, la froto entre el pulgar y el índice, y la olfateo.
¡Mierda... huele a diesel!
- Patri, perdemos combustible.
- “¿Quoi?”, ¡¿de verdad?!

¡Estaba hasta las narices!

Hasta las narices de los críos, de no tener ni un minuto para mi mismo en todo el día, de despertarme tres veces por la noche y “bailar” muerto de frio con nueve kilos en los brazos, ...
Harto de pasar de taller en taller para reparar la furgoneta, de comprar una batería por internet y que nos envíen otra que no nos sirve.
Triste de mirar las previsiones del tiempo que anuncian una semana de lluvia, sabiendo que entra agua en la furgoneta. De vivir cuatro en cinco metros cuadrados. De pasar media hora reparando mi bicicleta para que cinco minutos mas tarde vuelva a estropearse,...
Desencantado de pasear sobre playas de ensueño pisando todo tipo de residuos y otros plásticos, de ver a todo el mundo tirando las colillas por la ventana de sus coches...
Dentro es un concierto de lloros infantiles, son las seis de la tarde y aun nos quedan veinte minutos de camino para llegar a nuestro destino.

Bajo las luces macilentas de la gasolinera, perdido entre hectáreas de monocultivos platanares, no puedo evitar pensar en la expresión inglesa “the shit hits the fan” y imaginarme la furgoneta llena hasta el techo de mierdas de vaca. De algún modo, siempre esta expresión me había resultado divertida y es así, con mi cara de media sonrisa que meto la llave en el contacto de Kaya.