LE GOLFE PERSIQUE, février 2020


Malgré l'hospitalité et la générosité débordante des Kurdes iraniens, le froid nous pousse à prendre le cap du sud. En deux semaines, nous passons des sommets enneigés du Lorestan aux plages du golfe Persique. Nous troquons donc le panorama montagneux pour des paysages désertiques faisant songer aux peintures surréalistes de Dali.

Un des passages obligés, pour voyager sous ces latitudes, c'est la quête d'une carte pour faire le plein de diesel. Même si un "full" coûte moins d'un euro, il faut trouver un camionneur prêt à laisser sa carte pour pouvoir utiliser la pompe. Au début, cette aventure était quelque peu stressante, mais avec le temps, c'est avec un certain plaisir que nous passons de camion en camion en demandant; "Salâam, Khubi ? Khubam mamnum. Bebarchid, kârt na derâm... Kârt darid ?!"
Voilà à quoi ressemblait quelque peu notre refrain !
Bandar Siraf, Bandar Abbas, Queshm et j'en passe. Voici quelque peu notre itinéraire au bord de la mer du soleil levant.
Sur la route nous entendons parler d'une île, inaccessible en voiture...

HENGAM, île hors du temps.
Juste nous quatre à la découverte de ce terrain inconnu.
Pas de réseau, pas d'attache.
Hors du temps, dans l'instant présent.
Les pieds dans les planctons fluorescents, la tête dans les étoiles.
Loin du bus et de notre zone de confort.
À la rencontre de l'autre, de l'inconnu.
Le voyage, le vrai.


Nous laissons donc notre bus pour y faire une excursion d'une journée. Finalement, c'est une semaine plus tard, les larmes aux yeux et le coeur gros que nous quittons cette île. Seuls touristes en transit aux environs, faute au Coronavirus, nous revenons à notre bus, dans notre réalité. Elle n'est pas belle d'ailleurs; des masques partout, des gens effrayés par notre présence, des villes désertes... Une seule envie nous vient en tête, y retourner !
Ainsi, pour rejoindre ce monde onirique, nous traversons clandestinement le bras de mer qui nous séparait de l'île et débarquons dans le petit village de Ghil. Une fête s'y organise et le chilom passe de main en main. Tout le monde tousse à s'en rompre les poumons, alors que, quelques heures auparavant au milieu du bazar de Damghan, s'éclaircir la gorge aurait été taxé d'un regard de mort !
Le hashish fait son effet et au fil des discussions nous apprenons que nous sommes en 1398. Eh oui, c'est ici même où nous réalisons pour la première fois que l'année en vigueur est belle et bien différente de la nôtre... le fou rire nous prend et nous réalisons pourquoi l'esthétique de ce pays nous semblait tout droit sortie des années 50. Nous sommes dans le passé, mais un passé bien plus lointain que celui que nous imaginions !

Dans cette île, le temps semble s'écouler plus lentement, comme s'il se calquait sur le rythme des vagues.
A deux heures du matin, nous soupons autour du feu et terminons enfin cette longue journée. Etendus à même le sol de la chambre à coucher nous nous laissons finalement bercer par le souffle du vent.


@ Lorestan, Iran

@ Lorestan, Iran

@ Hengam, Iran

@ Queshm, Iran

@ Queshm, Iran

@ Ghil, Iran

@ Queshm, Iran

@ Queshm, Iran

@ Damghan, Iran

@ Damghan, Iran

GOLFO PÉRSICO, Febrero 2020


A pesar de la hospitalidad y la generosidad desbordante de los iranís kurdos, el frío nos empuja rumbo al sur. En dos semanas, pasamos de las cumbres nevadas de Lorestan a las playas del golfo pérsico, cambiando así el panorama montañoso por paisajes desérticos que nos recuerdan a las pinturas surrealistas de Dalí.

Viajando en estas latitudes, la búsqueda de una tarjeta para poder llenar el depósito de diesel, es un trámite necesario. Aunque un “full” cueste menos de un euro, debes encontrar un camionero que esté dispuesto a prestarte su tarjeta y así, poder utilizar el distribuidor. Al principio, esta aventura nos resultaba un poco estresante, pero con el tiempo, disfrutábamos pasando de camión en camión preguntando; “Salâam, Khubi? Khubam mamnum. Bebarchid, kârt na derâm... Kârt darid?”. Así sonaba nuestro repetitivo refrán.
Bandar Siraf, Bandar Abbas, Queshm y algunos otros nombres que han caido en el olvido. Este fue nuestro itinerario bordeando la costa del sol naciente. En el camino, entendemos hablar de una isla, un lugar inaccesible en coche...

HENGAM, isla aislada del tiempo.
Solo nosotros cuatro, al encuentro de nuevas tierras.
Sin cobertura, sin ataduras.
Fuera del tiempo, viviendo el presente.
Los pies en el plancton fluorescente, la cabeza en las estrellas.
Lejanos de nuestro “bus”, nuestra zona de confort.
El descubrimiento del otro, de lo desconocido.
El viaje; el verdadero.


Aparcamos la furgoneta con la intención de ir a explorar este lugar y volver en el mismo día. Finalmente, una semana mas tarde, con lágrimas en los ojos y el corazón engrandecido, regresamos de la isla. Debido al Corona Virus, somos de los pocos turistas que transitan por los alrededores. Volvemos a nuestra furgoneta, a la realidad. Una realidad, que en si misma, no es muy agradable. Máscaras por todos los lados, gente asustada por nuestra presencia, ciudades desérticas... Solo nos ronda una idea en la cabeza, ¡volver a la isla!
Así que, una vez mas, nos dejamos llevar hacia este mundo onírico. Atravesamos el brazo de mar que nos separa de la isla y llegamos al pueblo de Ghil. Allí, una fiesta se prepara, y la pipa de hachís pasa de mano en mano. Todos inspiramos a pulmón abierto y tosemos repetidamente. Por el contrario, hace pocas horas, haber carraspeado la garganta en medio del bazar de Damghan, hubiera sido motivo de miradas hostiles. Bajo el efecto del hachís, en medio de una conversación, descubrimos que estamos en el año 1398. Y si, es en este mismo lugar, donde nos damos cuenta de que el año persa es totalmente distinto al nuestro. Una risa tonta nos invade, acabamos de entender porque la estética del país nos parecía la de los años 50; ¡Estamos en el pasado!, eso si, mucho mas lejano del que pensábamos.

En esta isla, el tiempo parece transcurrir aun más despacio, como si pasara al ritmo de las olas. A las dos de la mañana, después de cenar junto al fuego, acabamos este día interminable. Nos tumbamos en el suelo de la habitación y dejamos que el viento nos acune.