ANATOLIE DU SUD-EST, mi-décembre 2019


Il est minuit et je tire enfin le frein à main dans une ruelle de Gaziantep. Nous quittions ce matin-là Antioche, la province de Hatay et finalement la Méditerranée. Malheureusement la pluie, elle, ne nous a pas quittés alors que nous nous engagions à contresens sur la route de la soie !

Le lendemain, nous déambulons au rythme des coups de marteau des chaudronniers dans la vieille ville de Gazi. Guidés par les odeurs des épices nous nous retrouvons au beau milieu des bazars et des caravansérails.
Malgré la grisaille et le froid hivernal, cette cité millénaire nous plait énormément et nous procure pour la première fois un grand sentiment de dépaysement.

Après avoir rempli le bus de pistaches et dévoré des Baklavas à en vomir la nuit, nous reprenons la route vers l'Est.
Le nord du Croissant fertile nous laisse rêveurs et nous nous surprenons à songer aux premiers êtres humains qui ont peuplé cette partie de la haute Mésopotamie, ou comme d'autres la nomment, Al-Jazira. Cette région, inexistante selon les guides de voyage et déconseillée par nos gouvernements, nous fascine !
Entre l'Euphrate et le Tigre, nos pieds foulent un sol qui va en s'asséchant. Vus du ciel, seuls les champs de coton surexploités forment une grosse tache verte au milieu de cet ensemble de terre, de roche et de maisons couleur ocre. Le berceau de la civilisation est devenu la source de production de T-shirt à deux francs, pierre angulaire de notre société de consommation... Merci à Monsieur Recep Tayyip Erdoğan et aux innombrables barrages construits sur le cours de ces deux fleuves !
Les seuls qui s'en plaignent sont l'Irak et la Syrie, car le peu d'eau restant ne va bientôt plus pouvoir passer leurs frontières.

En parlant de frontière, nous flirtons maintenant avec celle de la Syrie à pas moins d'une centaine de mètres en roulant sur la D-400. Cette route, qui nous semblait encore inaccessible, il y a de ça une semaine, s'est ouverte à nous au gré des discussions et des rencontres avec des Kurdes de Turquie.
Nerveux et inquiets, nous filons vers le Kurdistan iraquien, avec comme seule vue le cul des camions de marchandises et sur la droite, un interminable mur de béton, armé de miradors.


@ Yilankale, Turkey

@ Yilankale, Turkey

@ Gaziantep, Turkey

@ Gaziantep, Turkey

@ Antakya, Turkey

@ Syrian border, Turkey

SUR ESTE DE ANATOLIA, mediados de diciembre 2019


Es media noche, y por fin tiro del freno de mano en una callejuela de Gaziantep. Esta mañana hemos dejado atrás Antioquía, provincia de Hatay, y definitivamente el Mediterráneo. Desgraciadamente, la lluvia no nos deja mientras nos encaminamos, en sentido contrario, hacia la ruta de la seda.

Al día siguiente deambulamos, a ritmo de martillazos de orfebres, por el casco antiguo de Gazi. Guiados por el olor de las especias, nos encontramos en el epicentro de bazares y esplendidos caravanserais.
A pesar del frio hibernal y el cielo gris, esta ciudad milenaria nos encanta, y nos proporciona por primera vez el sentimiento de estar lejos de nuestros hogares.

Después de cargarnos de pistachos y devorar deliciosos “baklavas” hasta el punto de vomitarlos por la noche, retomamos nuestro camino hacia el Este.
El norte del “creciente fértil” nos hace soñar imaginándonos a los primeros seres humanos que poblaron esta parte de la alta Mesopotamia, o como otros la llaman, “Al-Jazira”. Esta región, totalmente inexistente en las guías de viaje y fuertemente desaconsejada por nuestros gobiernos, nos fascina.
Entre el Éufrates y el Tigris nuestros pies se posan sobre un suelo árido. Vista desde el cielo, la sobreexplotación de campos de algodón forma una enorme mancha verde, rodeada de tierra, rocas y casas de color ocre. Esta zona, llamada cuna de la civilización, se ha convertido en una masiva producción de camisetas “a dos euros”, pilar de nuestra sociedad de consumo. ¡Gracias Señor Recep Tayyip Erdoğan por el número incontable de pantanos construidos en el curso de estos dos ríos!.
Los únicos en quejarse son Iraq y Siria porque en breve, el poco agua restante, no podrá atravesar sus fronteras.

Y Hablando de fronteras, conseguimos merodear la de Siria a menos de cien metros, sobre la D-400. Esta carretera nacional, que nos parecía inaccesible hace una semana, se abre a nosotros gracias a los consejos de kurdos de Turquía.
Entre nerviosos y excitados nos dirigimos hacia el Kurdistán Iraquí, como única vista central el trasero de camiones de mercancías, y en el lado derecho, un interminable muro de betón repleto de torres de observación.